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Édito de la lettre d’information du 16 novembre 2022

Chaque année (à l’exception de 2020), l’ONU réunit presque tous les pays pour un sommet mondial sur le climat. Si l’acronyme COP est peu explicite, le terme développé ne l’est guère davantage. La « COnférence des Parties » (nations parties prenantes de l’accord) existe depuis 1994 et celle de 2022, qui se déroule en Égypte, à Charm El-Cheikh, est la 27e édition. L’origine de ces conférences se situe en 1992 quand l’ONU organise le Sommet de la Terre à Rio de Janeiro, au cours duquel la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques a été adoptée et l’agence de coordination ONU-Climat mise en place. Depuis cette date, les COP sont les plus grands et les plus importants rassemblements annuels sur le climat de la planète.

Dans le traité initial, les nations ont convenu de « stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère pour empêcher toute interférence dangereuse de l’activité humaine sur le système climatique ». Jusqu’à présent, 197 parties différentes l’ont signé. Des limites d’émissions juridiquement contraignantes sont régulièrement définies. Ainsi l’une des avancées majeures fut l’Accord de Paris, issu de la COP21 en 2015, dans lequel tous les pays du monde ont convenu d’intensifier leurs efforts afin de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C au-dessus des températures préindustrielles (1850-1900) et de renforcer le financement de l’action pour le climat. Pour mémoire, les sept dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées et la température moyenne à la surface du globe a dépassé de 1,11 °C celle enregistrée pendant la période de référence.

Avec une approche superficielle et lointaine, on peut s’interroger sur l’utilité de ces sommets, sur l’importance de leur coût et sur la pertinence de déplacer, lors de chaque édition, environ trente mille représentants de gouvernements, d’administrations, d’entreprises, d’ONG, ou encore de groupes de la société civile. Je me garderai d’avoir un jugement trop rapide.

Lors de cette COP27, les sujets, récurrents depuis l’origine de la démarche, d’atténuation (comment les pays réduisent leurs émissions ?) et d’adaptation (comment les pays peuvent-ils s’acclimater et aider les autres à faire de même ?) seront débattus et donneront lieu à des déclarations, des motions, voire des obligations… et parfois à des blocages.

La Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques est claire sur le fait que, pour répondre aux risques actuels et futurs, il est nécessaire d’augmenter considérablement l’ampleur du financement de l’adaptation, à partir de toutes les sources – publiques et privées. Parce que l’intensification générale des « catastrophes naturelles » est corrélée à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre, principalement des pays industrialisés riches, les pays en développement – souvent les plus pauvres et les plus touchés – soutiennent qu’ils devraient recevoir une compensation aux « pertes et dommages » subis pour faire face aux conséquences du changement climatique dont le coût va au-delà de leurs capacités financières. Ainsi, la COP15 à Copenhague en 2009 a acté un apport annuel de 100 milliards de dollars, de 2020 à 2100, des pays développés vers les pays à faible revenu. Cet engagement non totalement tenu sera au centre des débats et une implication plus forte des pays riches sera recherchée dans l’accord final de 2022.

Malgré la disparité des volontés politiques et des efforts pour avancer dans cette transition, plus aucun pays ne s’exclut de l’effort mondial. Les grands émetteurs que sont la Chine, les États-Unis ou l’Inde avancent à rythme certes irrégulier mais avancent. L’Europe et la France en particulier, grâce à sa production d’énergie décarbonée (voir mon précédent édito), demeurent parmi les pays riches les plus impliqués. Les catastrophes climatiques qui se succèdent aux États-Unis, au coût financier et à l’impact sur les opinions publiques importants, accélèrent la mise en place de politiques plus volontaristes. C’est ainsi que le président américain Joe Biden, lors de son passage en Égypte s’est engagé à un plan décennal d’investissement de 370 milliards de dollars afin de respecter d’ici 2030 les objectifs climatiques de baisse des émissions de CO2 de 50% par rapport à 2005. De son côté, la Chine, premier émetteur mondial de CO2, a réaffirmé son engagement dans la lutte contre le réchauffement climatique. Son représentant, en l’absence de Xi Jinping, a vanté les actions chinoises : baisse continue des prix des panneaux solaires, premier constructeur de véhicules électriques, réduction de moitié (depuis 2005) de l’intensité des émissions.

S’il n’y a plus guère de climato-sceptiques, les climato-alarmistes accaparent l’espace médiatique avec pour vertu la sensibilisation des populations, souvent même par la peur. Pourtant, fort du constat que les émissions n’ont diminué que de 8,8% pendant le premier confinement mondialisé de 2020, alors que transports et industries étaient à l’arrêt à peu près partout, certains s’attachent à privilégier d’autre priorités : les urgences écologiques d’aujourd’hui et non celles qui résultent de prophéties. La protection de la biodiversité, le consumérisme effréné, la prolifération du plastique, la lutte contre la pollution de l’air et de l’eau, le tourisme de masse, etc. sont autant de problématiques que nous constatons chaque jour.

Toutes les approches, si différentes qu’elles soient, ont pour objectif commun de ménager notre planète malade. Pour paraphraser Jacques Chirac, au quatrième sommet de la Terre à Johannesburg en 2004, il n’est plus temps de regarder ailleurs.