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Chapitre 1 – Le point de départ : l’épidémie en Chine

Le point de départ: l’épidémie en Chine.

Dans une agglomération de 11 millions d’habitants, Wuhan, dont le nom est devenu célèbre dans le monde entier, un virus a été repéré en décembre 2019 dans un marché de gros de fruits de mer et de poissons. Des ventes illégales d’animaux sauvages y avaient également lieu. Est incriminé aujourd’hui, sans absolue certitude, le pangolin. Ce drôle danimal de la famille des Manidae, insectivore, au corps recouvert d’écailles fait l’objet d’un braconnage intense à destination du marché de médecine traditionnelle du sud-est asiatique. En Chine, en manger est supposé soulager les rhumatismes, absorber son sang favoriser la circulation sanguine. Ses écailles font partie de la pharmacopée chinoise.

La souche incriminée est un nouveau type de coronavirus, une famille comptant un grand nombre de virus. Ils peuvent provoquer des maladies bénignes chez l’homme (comme un rhume) mais aussi d’autres plus graves comme le SRAS.

En janvier, la commission nationale de la santé chinoise avançait que le virus, qui se transmet par les voies respiratoires, « pourrait muter et se propager plus facilement ».  A Genève, l’OMS se voulait  rassurante: Michael Ryan, directeur des programmes d’urgence à l’organisation, assurait que le virus restait « stable » et que la transmission entre humains n’était pas « inhabituelle ».  A la même période, le directeur de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, saluait les mesures « très, très fortes » prises par la Chine, et estimait qu’elles allaient « diminuer » les risques de propagation hors de ses frontières.  L’OMS réunissait alors son comité d’urgence pour décider si le nouveau virus constituait ou non une « urgence de santé publique de portée internationale ». Les experts n’étant pas parvenus à se mettre d’accord sur la question, le directeur de l’OMS décidait de poursuivre ultérieurement la réunion… et donc la conclusion. « La décision de déclarer ou non une urgence de santé publique de portée internationale est une décision que je prends très au sérieux et que je ne suis prêt à prendre qu’en tenant dûment compte des preuves disponibles », déclarait alors à la presse le directeur de l’OMS.

Rappelons qu’en 2009, l’épidémie du virus H1N1 avait provoqué un vent de panique dans le monde et la production massive de médicaments et de vaccins dont beaucoup sont restés « sur les bras » des gouvernements. L’OMS, soupçonnée d’avoir été influencée par les industriels de la pharmacie dans sa gestion de la grippe, avait été accusée d’avoir été trop alarmiste.

Pour des raisons différentes Chine et OMS ont une responsabilité dans le délai de diffusion de l’alerte. On peut penser que la Chine a tardé à révéler l’ampleur de l’épidémie et a exercé un confinement de l’information ce qui a considérablement retardé la prise de conscience internationale. De son côté l’OMS, échaudée par l’expérience de H1N1, n’a pas pris, alors que c’est son rôle, la mesure de l’épidémie, a trop longtemps hésité à utiliser le mot de pandémie et n’a pas sensibilisé la communauté scientifique internationale et les différentes instances étatiques sur l’imminence d’une catastrophe sanitaire.

Par ces dissimulations et atermoiements le monde entier allait prendre un retard considérable dans le combat qu’il devrait  mener quelques semaines plus tard…