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Chapitre 2 – Avant la pandémie

Le mois de janvier 2020 a certainement été celui des bonnes et des mauvaises décisions. Ou plus exactement de l’absence de bonnes décisions. Je ne prétends pas me placer en juge de ce qu’il fallait faire et ne pas faire. D’une part je n’ai pas l’ensemble des éléments et d’autre part je suis persuadé de la compétence d’Agnès Buzyn, alors ministre de la santé. Je souhaite juste pointer du doigt certaines contradictions et livrer ce qui m’apparaît aujourd’hui obscur.

En ce début d’année, alors que certains pays s’apprêtent à lutter contre la prolifération du

virus, on peut s’étonner que la France, 6ème puissance économique mondiale, ce grand pays de connaissance et de savoir, ne se prépare pas à ce que le Président de la République allait qualifier de guerre six semaines plus tard.

Accaparée par deux dossiers importants qui retenaient l’attention de tous, celui des retraites et de la loi Bioéthique, l’ex ministre de la santé, par des déclarations discordantes,  ne laisse pas entendre qu’il existe une prise de conscience au plus haut niveau et qu’une stratégie est alors établie. Ainsi elle affirmait : «Je pense que j’ai vu la première ce qui se passait en Chine : le 20 décembre, un blog anglophone détaillait des pneumopathies étranges. J’ai alerté le directeur général de la santé. Le 11 janvier, j’ai envoyé un message au Président sur la situation. Le 30 janvier, j’ai averti Edouard Philippe que les élections ne pourraient sans doute pas se tenir. Je rongeais mon frein» et entre ces deux dates, le 24 janvier, à la sortie du Conseil des ministres, elle déclarait au contraire: «Les risques d’importation du virus sont modérés et maintenant pratiquement nuls puisque la ville de Wuhan est isolée. Les risques de propagation dans la population (française) sont très faibles ». Principe de prudence oblige, elle précisait  toutefois que cela pouvait évoluer dans les prochains jours.   

Ce mois de janvier perdu représente sans doute le temps qu’il aurait fallu pour faire l’état des lieux du matériel indispensable (masques, gants, gel hydroalcoolique, tests…) et en lancer la production. A la fin de ce même mois, il n’y a que sept semaines, membres du gouvernement et parlementaires aussi, focalisés sur les textes importants mentionnés plus haut passaient à côté de ce qui allait être, quelques semaines plus tard, la plus grande crise sanitaire depuis la grippe espagnole.  Le bilan humain de celle-ci  est certes sans commune mesure avec la pandémie actuelle puisqu’on considère qu’elle a coûté, il y a un siècle, entre 50 et 70, peut-être 100 millions de vies humaines à travers le monde. Rappelons aussi que la grippe H1N1 en novembre 2009 avait été, à grands coups de milliards et de doses de vaccins, jugulée assez efficacement. La ministre de la santé de l’époque, Roselyne Bachelot avait été raillée, voire ridiculisée. L’opinion publique alimentée par les médias lui reprochant un excès de précaution. Personne ne peut dire ce qu’il se serait passé si une politique moins interventionniste avait été menée mais ce qui est certain c’est que la critique est facile quand l’art est difficile.