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Édito de la lettre électronique du 2 février 2024

L’année s’annonce mouvementée tant par les évènements exceptionnels qui vont la jalonner que par les grondements d’un pays qui souffre et, notamment, ceux de la « Ferme France » qui s’enflamme… et ce n’est pas une Flamme Olympique.

Les tracteurs sont aux portes des grandes villes, Paris presqu’assiégé.

Comment ne pas soutenir cette France rurale, acharnée au travail, dont le fruit est indispensable à notre souveraineté alimentaire. Les mêmes qui croulent sous les charges et normes souvent plus ubuesques les unes que les autres, très proches de l’abrutissement technocratique et sous le dictat des grandes et moyennes surfaces dont le comportement tend à les asphyxier.

Comment oublier que l’Etat doit jouer son rôle de protecteur d’un monde agricole qui subit les directives toujours plus contraignantes, assorti d’un art, bien français, qui consiste à être plus européen que l’Europe ?

Comment accepter ce discours « d’agri-bashing » porté par une frange de la population qui sacrifie nos agriculteurs sur l’autel de la bien-pensance, sans en analyser les conséquences ?

Comment ne pas s’interroger sur les effets d’une mondialisation qui, si elle a eu des effets positifs, vise aujourd’hui à favoriser les productions chinoises, américaines ou autres, qui entrent en franchise de barrières, tarifaires ou non, sur nos marchés ?

Enfin, comment admettre ce fait que tant que les agriculteurs auront, dans leur grande majorité, perdu le droit de vivre de leur métier, d’en tirer un revenu digne et d’être acculés à l’assistanat, le renouvellement des générations ne sera pas possible et ce, en dépit de toutes les mesures techniques prises afin de favoriser les nouvelles installations ?

Permettez-moi de faire le parallèle avec le vécu des collectivités, des entreprises et tout simplement des français. A quand ce « choc de simplification » si souvent annoncé, urbi et orbi, tant attendu et jamais réalisé ?

Voilà de quoi animer l’emploi du temps du chef de notre gouvernement, tout juste nommé, et qui s’est lancé dans la bataille avec une fougue remarquée, des effets d’annonces prometteurs et une volonté affirmée de battre la campagne… sans jeu de mot.

Que dire d’un Président de la République qui, dans le cadre d’une conférence de presse, se substitue à son gouvernement avec un inventaire de mesurettes à la Prévert, laissant son Premier ministre privé de discours de politique générale. « De l’audace, de l’effectivité et de l’action » : quelle découverte !  De telles incitations sont dans l’ADN des élus locaux qui œuvrent en ce sens dans les territoires, depuis des décennies. Il serait grand temps de leur prêter attention avant, qu’eux aussi, ne s’embrasent…

Comment interpréter, la méthode qui consiste à faire patienter, dans l’antichambre du pouvoir, nombre de ministres ou ministrables qui attendent de savoir quel va être leur sort. Depuis 2017, 110 d’entre eux ont été choisis… du jamais vu, même dans les périodes de cohabitation ? Y-a-t-il encore des candidats ? Hormis ceux, ou celles, prêt à renier leurs frères d’armes, pour aller « à la soupe ».

Notre esprit balance entre déception et fureur devant l’attitude d’un Conseil Constitutionnel, plus politique que les deux assemblées réunies, face à la loi Immigration et Intégration. Dans un contexte national très tendu, nous ne pouvons que déplorer la mise en exergue de l’impuissance publique, face à une immigration clandestine qui ne cesse de croître. Dans sa situation le pays ne peut se satisfaire d’une attitude aussi peu responsable ; une vraie réforme s’impose… C’est ce que la population nous dit. Reste à savoir si le Président de la République est en capacité de l’entendre ?

Enfin et c’est tout frais, le discours de politique générale prononcé par Gabriel Attal, devant le Sénat ce dernier jour de janvier, nous laisse un arrière-goût de galette sèche, appétissant mais sans consistance. Une réponse à tout à laquelle nous serions tentés de répliquer « paroles, paroles… ».

Pauline Martin, sénatrice du Loiret

Le 2 février 2024