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Revitaliser les centres-villes et les centres-bourgs M. Rémy Pointereau, co-rapporteur du Groupe de travail.

La dévitalisation des centres-villes et centres-bourgs est désormais un sujet national que nul ne conteste, comment y remédier ?

Il faut d’abord prendre conscience que des mesures cosmétiques ne résoudront rien. On peut se faire plaisir avec des plans, des articles de loi, mais si le problème me n’est pas traité à la base, rien ne changera. L’ampleur des forces en jeu, financières, économiques, sociétales est telle qu’il est indispensable que l’état prenne des mesures structurelles fortes. Le Sénat sera force de proposition et d’une grande vigilance.

Que voulez-vous dire par mesures structurelles fortes ?

Il est absolument nécessaire de rééquilibrer les coûts de fonctionnement et d’implantation entre le centre-ville, aujourd’hui très désavantagé, et la périphérie. Il est nécessaire d’intégrer également dans la réflexion le e-commerce. Le centre-ville doit être moins coûteux et la périphérie et le e-commerce moins avantageux. D’autant que les implantations périphériques génèrent des bulles de spéculation foncière et une surconsommation des terres agricoles. Cette situation est inacceptable.

On parle beaucoup de moratoire sur les implantations de grandes surfaces, qu’en pensez-vous ?

Entre 1994 et 2009, les grandes surfaces ont crû, avec la progression de la grande distribution, de 60 % ! Dans le même temps, la consommation finale des ménages augmentait en volume de 38 % seulement ! De fait, certains territoires ont vu leurs commerces de centres-villes détruits ou aspirés par les galeries commerciales de périphérie. Dans ces territoires très fragilisés, un coup d’arrêt s’impose.

La revitalisation des centres-villes, c’est aussi une question d’aide de l’état, l’avez-vous abordé lors de l’examen du Projet de loi de finances pour 2018 (PLF) ?

La revitalisation de nos centres passe en effet par des aides de l’état. Il existe un fonds, le FISAC, dont l’objectif est de soutenir financièrement le commerce de proximité. Malheureusement, depuis plusieurs années, les crédits de ce fonds se sont effondrés passant de 65,5 millions d’euros en 2010 à 11 millions d’euros pour 2018. C’est pourquoi le Sénat avait adopté, à l’unanimité, un amendement pour l’abonder de 20 millions d’euros. En contraction avec les ambitions qu’il ne cesse d’afficher pour les centres-villes, le gouvernement a opté pour une diminution des crédits. Une fois de plus, les actes contredisent les paroles.