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Édito de la lettre du lettre du 15 février 2022

Parrainer c’est participer

Selon une enquête (BVA pour RTL et Orange) restituée le 11 février, il semblerait que 43% des Français ignorent que les élections présidentielles se tiendront en avril prochain. Même si la campagne n’est pas encore au cœur de l’actualité, il est étonnant de voir la faible attention de nos concitoyens pour cette échéance essentielle. Ce désintérêt rapporté par les médias n’est pourtant pas corroboré par le témoignage des maires que je rencontre, qui constatent un grand nombre  d’inscriptions nouvelles sur les listes électorales de leur commune. Cela signifie-t-il que les commentaires politiques, les débats et les programmes n’intéressent plus, alors que voter pour élire le président de la République demeure un acte important, le droit civique fondamental des démocraties modernes ? Ce serait un moindre mal, tout en espérant que le choix des électeurs soit réfléchi et éclairé, et non la conséquence d’une réaction conjoncturelle ou des analyses superficielles des réseaux sociaux.

Même si les clivages ne sont plus les mêmes et sans doute moins binaires, droite/gauche, qu’ils ne l’étaient dans le passé, l’éventail des priorités et du modèle de société prôné demeure très large. Cette même étude rapporte que les Français sont d’abord préoccupés par les sujets de santé, le pouvoir d’achat et la sécurité. Autant de thèmes appréhendés de façon très différente selon les familles de pensée.

Mais comment la diversité de l’offre politique peut-elle s’exprimer sans pour autant multiplier le nombre de candidats ? Pour atteindre cet équilibre, un système de filtrage, qui repose sur la nécessité d’obtenir le parrainage d’un certain nombre d’élus, a été instauré.

Lors des trois premières élections présidentielles au suffrage universel direct (1965, 1969 et 1974), le parrainage de 100 élus était exigé pour concourir à l’élection, puis une réforme adoptée en 1976 en a porté le nombre à 500. Officiellement, on ne parle pas de « parrainage » mais de « présentation », les élus présentant, à titre individuel et de façon autonome, un candidat, sans qu’il soit nécessaire que celui-ci ait d’abord manifesté son intention d’y aspirer. Dans les faits, ce sont les « candidats à la candidature » qui sollicitent des signatures.

Afin d’éviter des velléités liées à la défense d’intérêts purement locaux, les parrainages doivent émaner d’élus (essentiellement maires, présidents d’intercommunalités, conseillers départementaux et régionaux, parlementaires) d’au moins 30 départements ou collectivités d’outre-mer différents, sans dépasser un dixième, soit 50, pour un même département. Chaque élu ne peut parrainer qu’une seule personne et son choix est irrévocable. En 2017, environ 34 % des élus habilités ont effectivement parrainé une candidate ou un candidat (contre environ 36 % en 2012). Dans près de trois quarts des cas, il s’agissait d’élus communaux et intercommunaux.

Quant à la publicité des parrainages, ses règles ont également évolué. Depuis l’élection présidentielle de 2017, la liste, actualisée en temps réel, des élus qui présentent un candidat est publiée sur le site Internet du Conseil constitutionnel. À l’issue de la période légale de recueil des signatures, l’intégralité des parrainages y est consultable.

Ce dispositif, qui fait l’objet de débats récurrents, est souvent critiqué notamment du fait de son incapacité à faire une place à des candidats populaires mais hors système. Il donne, en revanche, la possibilité aux élus, aux maires, égaux entre eux quelle que soit la taille de la commune, de jouer un rôle déterminant dans la présentation d’un candidat.

Il est certes délicat d’afficher une préférence ou d’user de ce droit pour favoriser un « petit » candidat, notamment pour les maires ruraux alors que leur conseil municipal est presque toujours apolitique et pluriel. Si cette démarche est facultative, elle est une prérogative accordée aux élus et il me paraît important de l’exercer. Le parrainage permet aux différentes sensibilités politiques de s’exprimer dans l’agora que constitue la campagne présidentielle, et leur nombre, plus ou moins important, donne du poids et de la légitimité à ceux qui en recueillent le plus.

Pour ma part, j’ai choisi de parrainer Valérie Pécresse. Elle représente parfaitement les qualités de ma famille politique, la Droite et le Centre, à la fois sérieuse et expérimentée. Je souhaite qu’elle se qualifie pour le deuxième tour et qu’elle affronte le Président candidat. Il est important pour notre pays, et aux yeux du monde, que le nouveau président élu ne le soit pas par défaut. Il est important pour la démocratie que le résultat final ne soit pas connu à l’issue du premier tour. Cela requiert un fort taux de participation et un vrai débat démocratique, riche de la confrontation de personnalités, de visions et d’ambitions différentes. C’est mon espoir pour cette présidentielle et pour la pérennité de notre modèle républicain.